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A Jénine en Cisjordanie, les civils à la merci des raids

Mawaheb Marei endure une double tragédie. La mort de ses proches dans la bande de Gaza et celle de son fils, tué à 15 ans par une frappe sioniste dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie occupée, théâtre de violences quotidiennes. Eid Marei est décédé des suites de ses blessures causées par des éclats d’obus au corps, aux jambes et à la tête. « J’aimerais pouvoir l’envelopper dans un manteau », confie la mère, se remémorant à quel point son fils aimait rester au chaud en hiver. « Tant d’enfants innocents ont été tués ». Bastion de la résistance contre l’occupation sioniste en Cisjordanie, Jénine et son camp de réfugiés sont visés par de raids répétés qui se sont intensifiés depuis le début de la guerre à Gaza, faisant des centaines de morts cette année. Les incursions sionistes ont laissé des traces. Maison après maison, des murs criblés d’impacts de balles et des vêtements d’enfants gisent sur et sous les décombres. Depuis plus de deux mois, les incursions sionistes, les attaques de colons sur des villages palestiniens et les arrestations ne cessent d’augmenter dans ce territoire palestinien occupé par l’entité depuis 1967. Plus de 300 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens et des attaques de colons depuis le 7 octobre. L’armée sioniste affirme cibler des « terroristes », mais beaucoup de morts sont des civils, assure le ministère palestinien de la Santé. Dans la maison de Hani al-Damaj, dans le camp de réfugiés de Jénine où s’entassent 23.000 habitants, selon l’ONU, les stigmates d’un raid sioniste sont encore visibles. Les gravats inondent ses pièces. Mais il s’estime « chanceux », lui et ses proches ont échappé à la « mort ». Ses deux filles dormaient lorsqu’une frappe aérienne a ravagé la mosquée Al-Ansar fin octobre, toute proche de chez lui, laissant l’édifice désossé. Les escaliers de la mosquée ont échappé à la destruction.  Ils tiennent débout mais ne mènent nulle part… L’opération militaire a tué deux hommes, indique le ministère palestinien de la Santé tandis que l’armée israélienne assure avoir visé et tué des « terroristes » qui exploitaient le sous-sol de la mosquée comme centre de commandement. La destruction de mosquées, d’écoles, d’hôpitaux et d’autres infrastructures vise à rendre la vie impossible en Cisjordanie et ailleurs. Contrairement à la famille al-Damaj, d’autres habitants du camp n’ont pas eu la chance de s’en sortir, ont témoigné de nombreux Palestiniens.

 

Le Théâtre da la liberté saccagé

Le 12 décembre, une opération menée par l’armée sioniste contre « une fabrique d’explosifs », a fait 11 morts à Jénine, selon le ministère palestinien, l’un des bilans les plus lourds depuis le début de l’année. A ces morts, s’ajoute celle d’un garçon malade de 13 ans empêché de se rendre à l’hôpital. Et à la violence s’ajoutent les humiliations fréquentes,. Lors de l’incursion dans la ville septentrionale, des soldats israéliens ont « profané » une mosquée. Une vidéo, obtenue par l’AFP, montre des soldats israéliens à l’intérieur de la mosquée, dans le camp de réfugiés de Jénine, utilisant ses haut-parleurs pour réciter le Shema Yisrael, une prière majeure du judaïsme. Des éclats de rire sont audibles à la fin de la séquence, alors que les troupes sortent de la mosquée et qu’un chant de Hanouka est diffusé, toujours via haut-parleur. Les soldats ont en outre saccagé dans le camp de Jénine le Théâtre de la liberté, selon son directeur. « Quel est ce genre de comportement de la part d’un soldat ? » s’indigne Ahmed Tobasi. « Notre vie, notre avenir, notre sommeil, notre respiration, tout est entre les mains des Israéliens », se désole l’artiste palestinien.

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