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« Dépenser plus que ce qu’on a, c’est fini ! » : L’Argentine dans l’attente des premières mesures d’austérité de Milei  

Aucun détail, mais une priorité réaffirmée: la réduction du déficit budgétaire. « Dépenser plus que ce qu’on a, c’est fini. Le « il n’y a pas d’argent ! » (lancé dimanche par Milei dans son discours inaugural) n’est pas un cliché. L’équilibre fiscal (…) sera strictement respecté », a insisté M. Adorni.
Le président Milei a réaffirmé dimanche l’objectif colossal de réduction du déficit de 5% du PIB, et a averti que « la situation va empirer » à court terme, en parallèle à une stagflation en 2024 (inflation couplée à une stagnation de l’activité). Les premières mesures seront « en ligne avec une forte coupe budgétaire », a résumé le porte-parole. D’après les déclarations des dernières semaines, sont dans le collimateur les subventions à l’énergie et aux transports, dans une économie structurellement sur-subventionnée; l’émission monétaire par la Banque centrale, qui pourrait être restreinte, voire stoppée; un secteur public dense, de plus de 3,4 millions de personnes, soit plus de 18% de l’emploi total, ratio le plus élevé d’Amérique latine. Mais même là, la présidence a soufflé le chaud et le froid. M. Adorni a évoqué un « inventaire des statuts » de l’administration centrale, ministères, universités… Pour autant il a tenté de dissiper la crainte de coupes brutales dans la fonction publique. « Je ne vois aucun fonctionnaire qui ait à s’inquiéter pour son travail », a-t-il assuré. Le président Milei entend « mettre en valeur l’employé public ». « Ce que nous allons combattre, c’est ce qu’on appelle l’emploi +militant+, qui existe pour une question politique, n’apporte rien et enlève productivité, salaire et fonctions au salarié qui veut travailler », a-t-il poursuivi. Les emplois publics de complaisance sont une critique récurrente de l’opposition libérale envers le « clientélisme » supposé des gouvernements péronistes (centre-gauche) qui ont gouverné de 2003 à 2015, puis de 2019 à 2023. Un autre versant attendu des annonces porte sur le cours d’un peso notoirement surévalué, à 462,40 pesos pour un dollar lundi, contre 391 pesos pour un dollar vendredi, jour ouvrable précédent. Un membre du futur gouvernement avait, la semaine passée, évoqué un cours « souhaitable » à 600-650 pesos pour un dollar. Le cabinet conseil d’investissement MégaQM a dévoilé récemment deux options: celle d’un « choc » de change, une dévaluation délibérément trop forte, qui permettrait d’accumuler des réserves de dollars, mais avec un « risque très élevé » sur le plan social. L’autre, un scénario plus « graduel », tentant de s’approcher par étapes d’un cours « d’équilibre », moins coûteux socialement, mais pas à l’abri de rechutes. Le quotidien financier Cronista notait lundi que « les indices à ce jour suggèrent de premiers pas prudents jusqu’à la récolte » (fin du premier trimestre 2024), généralement synonyme d’apport massif de réserves de change pour l’Argentine agro-exportatrice.Chez les « arbolitos », changeurs à la sauvette au cours parallèle dans l’hypercentre touristique de Buenos Aires, habituel baromètre de l’anxiété ambiante, les échanges d’un volume courant se négociaient à 1.000 peso pour un dollar lundi soir, contre 980 un peu plus tôt. A 2,5 fois le cours officiel tout de même. Dans l’attente des annonces d’hier, mardi, la Banque centrale a fonctionné lundi au ralenti sur le marché des changes, comme un quasi jour férié, officiellement pour laisser le temps aux « nouvelles autorités » financières de s’installer, dont le président de l’institution. La Bourse de Buenos Aires a clôturé en hausse de 0,81% à 949.524,67 points. Milei a pour la part présidé une première réunion de son cabinet – délibérément restreint à neuf ministres, austérité oblige. Rencontre matinale, à 8H30, que sa vice-présidente Victoria Villaruel dit vouloir instaurer comme « une habitude très importante, de fonctionnaires qui travaillent tôt, comme n’importe quel citoyen » argentin.

R.E.

 

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