Économie

France : La productivité du travail a baissé de 5% depuis 2019  

La création de valeur par le travail, c’est-à-dire sa productivité, a baissé d’environ 5% depuis 2019 en France, tandis que les salaires ont décroché face à l’inflation, selon une note d’analyse publiée jeudi par le cabinet Rexecode. La perte de productivité résulte, selon la note, à « environ 80%, de l’évolution de la composition de la main d’œuvre, sous l’effet de créations d’emploi qui ont eu lieu principalement dans des secteurs relativement moins productifs, tout en bénéficiant à des profils relativement moins qualifiés (dont les apprentis) ». « Un tiers des 1,2 million d’emplois salariés créés depuis 2019 l’ont été dans l’apprentissage, ce qui permettrait d’expliquer environ deux points de perte de productivité », pointe l’auteur de la note, Olivier Redoulès. « En outre, une partie des créations d’emplois coïncident avec la nette baisse du taux de chômage et la hausse du taux d’emploi depuis 2019. Or les profils d’emplois concernés correspondent généralement à des niveaux de productivité plus faibles du fait d’un moindre niveau de qualification », a-t-il constaté. Pour les 20% restants, la baisse de la productivité s’explique notamment par « un choc de prix importés (notamment l’énergie) qui s’est diffusé très vite dans les prix à la consommation, et plus lentement dans la valeur ajoutée des entreprises ». Cette baisse s’est produite alors que « comparativement à 2019, les salaires du secteur privé ont crû moins fortement que les prix à la consommation, et ce malgré la nette accélération opérée en 2022, qui a particulièrement soutenu les plus bas salaires ». Les salaires de base des cadres ont ainsi subi une baisse de pouvoir d’achat de 2,9% depuis 2019, contre seulement 0,4% pour ceux des ouvriers et des employés, selon Rexecode. Le salaire moyen, primes comprises, a lui perdu 2,5% de pouvoir d’achat entre sa moyenne pour l’année 2019 et le deuxième trimestre 2023, selon la même source. Les différences sont grandes entre les secteurs dont certains connaissent de profondes transformations de leur activité. Ainsi le bâtiment a perdu 14,9% de productivité horaire avec « la montée en charge de la rénovation, plus intensive en main d’œuvre que la construction neuve ». Dans les matériels de transport, la perte de productivité horaire atteint même 21,5%, en raison de « l’évolution des gammes de produits, dans l’automobile avec le démantèlement de certains sites de production de véhicules thermiques, ou dans l’aéronautique, avec la fin de la production de l’A380 », analyse Rexecode, qui précise que ces secteurs ont tout de même fait le choix « de maintenir leurs effectifs et de préserver les salaires ».

R.E.

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