À la uneÉconomie

Durcissement des normes CO2 : Les constructeurs automobiles demandent un répit à l’UE

Panique chez les constructeurs automobiles qui demandent à l’Union européenne d’activer une rare procédure d’urgence pour décaler de deux ans l’application, prévue en 2025, de ses règles renforcées sur les émissions de CO2.
C’est un document non signé qui émane de Renault et de son patron Luca de Meo, également président de l’Association des constructeurs européens d’automobiles à Bruxelles (ACEA), lobby du secteur auprès de l’UE. Selon le quotidien «l’objectif de ce document (…) est de reporter de 2025 à 2027 le durcissement de la norme dite CAFE (Corporate Average Fuel Economy)», qui fixe un seuil moyen de rejets de CO2 pour l’ensemble des véhicules vendus, sous peine d’amendes. Et pour obtenir ce report, le texte «plaide pour l’utilisation d’une disposition méconnue, l’article 122.1 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), une sorte de « 49.3 européen », qui permettrait de différer dans l’urgence l’application d’une réglementation, en court-circuitant le Parlement de Strasbourg». Au mois de juillet, Luca de Meo, avait déjà tiré tiré la sonnette d’alarme et avait appelé l’Europe à faire preuve de «souplesse» à l’égard de l’industrie. Pour tenir les nouveaux objectifs, les constructeurs devraient en effet vendre en moyenne une voiture électrique pour quatre véhicules thermiques, afin de compenser l’excès d’émissions de gaz réchauffant la planète de ces dernières. Or, le marché européen de l’électrique «stagne depuis plus d’un an à moins de 15% pour les voitures particulières et à 7% pour les utilitaires», rappelle la note. En France, les ventes de voitures électriques ont essuyé un violent coup de frein dans l’Hexagone. Entre début juillet et fin août, les immatriculations ont fondu de 20 % sur un an à environ 30.000 véhicules particuliers neufs, déplore la Plateforme automobile (PFA), le lobby du secteur. Le mois dernier, la part de marché de l’électrique dans les ventes globales s’est également réduite de 3 points sur un an. Les raisons de ce désamour sont très pragmatiques. D’abord la technologie qui pâtit d’une baisse des aides publiques à l’achat. Le bonus écologique est passé de 5.000 à 4.000 euros en début d’année. Quant à l’autonomie plus faible de ces véhicules, elle préoccupe toujours les clients. Équipées de petites batteries, les citadines Twingo E-Tech et Fiat 500e permettent, par exemple, de rouler 190 kilomètres au maximum. Beaucoup de consommateurs redoutent la panne. Aujourd’hui, « le maillage du territoire en bornes de recharge est souvent jugé insuffisant », arme un analyste financier. «Les pénalités pourraient atteindre 13 milliards d’euros pour les voitures particulières et 3 milliards pour les véhicules utilitaires», avertit le document, qui présente trois scénarios futurs. Une première solution consisterait à réduire la production de véhicules thermiques de plus de deux millions d’unités et celle de camionnettes de 700.000 unités, «soit l’équivalent de plus de huit usines européennes», avec les pertes d’emplois associées. «La deuxième consiste à s’entendre avec des constructeurs américain ou chinois (Tesla, Volvo, filiale de Geely, ou MG par exemple) pour leur racheter des crédits-carbone, rapporte le quotidien. La troisième piste serait que les États augmentent les subventions à l’achat de véhicules électriques, mais ils font l’inverse.» Aujourd’hui, les constructeurs redoutent les conséquences d’une baisse – voire la suppression – du bonus à l’achat de 4 000 euros. Celui-ci pourrait faire les frais de la forte coupe budgétaire visant le fonds vert consacré à la transition écologique

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page