Économie

Alors que les marchés se préparent à l’impasse post-électorale française.. L’euro chute

L’euro a reculé dimanche après que les projections des élections françaises ont fait état d’un parlement sans majorité absolue et d’un résultat étonnamment fort du Nouveau Front populaire (Nouveau Parti populaire), un parti de gauche qui a jeté un nouvel éclairage sur les marchés et préparé le terrain pour une nouvelle volatilité à venir. Les analystes ont déclaré que les marchés seraient probablement soulagés d’apprendre que le Rassemblement national (RN) d’extrême droite de Marine Le Pen devrait arriver en troisième position après sa victoire au premier tour la semaine dernière. Les investisseurs craignent cependant que les projets de la gauche française ne viennent annuler bon nombre des réformes pro-marché du président Emmanuel Macron. Ils estiment également que l’impasse politique pourrait mettre un terme aux tentatives de maîtrise de la dette française, qui s’élevait à 110,6 % du produit intérieur brut (PIB) en 2023. L’euro a chuté de 0,2% à 1,081 dollar au début de la semaine. Il avait grimpé la semaine dernière, les sondages suggérant la probabilité d’un parlement sans majorité absolue, apaisant les craintes d’une victoire de l’extrême droite, après avoir fortement chuté – tout comme les actions et les obligations – lorsque Macron a convoqué les élections début juin. «Il semble que les partis anti-extrême droite aient vraiment reçu beaucoup de soutien, a déclaré Simon Harvey, responsable de l’analyse FX chez Monex Europe. Mais fondamentalement, du point de vue du marché, il n’y a aucune différence en termes de résultat. Il y aura vraiment un vide en ce qui concerne la capacité législative de la France.» Harvey a ajouté : «Le marché obligataire sera le véritable endroit à surveiller. Il pourrait y avoir un léger écart à la baisse dans les prix des obligations françaises». Donc, si nous voyons quelque chose de l’ordre de 2 % pendant une période prolongée, cela inciterait probablement la Fed à être extrêmement prudente dans sa réduction. Les échanges sur les obligations et les actions françaises débuteront lundi matin en Europe. L’alliance de gauche, qui rassemble l’extrême gauche, les socialistes et les verts, devrait remporter entre 172 et 215 sièges sur 577, selon les projections des sondeurs basées sur les premiers résultats d’un échantillon de bureaux de vote. L’alliance centriste de Macron devrait remporter entre 150 et 180 sièges, tandis que le RN obtiendrait entre 115 et 155 sièges. Les analystes ont déclaré qu’une période de volatilité et d’incertitude devrait se poursuivre alors que les investisseurs évaluent désormais la forme que prendra le parlement et combien de ses politiques, le cas échéant, l’alliance de gauche sera en mesure de mettre en œuvre. L’alliance du Nouveau Front populaire a annoncé que ses premières mesures comprendraient une augmentation de 10% des salaires des fonctionnaires, la gratuité des repas scolaires, des fournitures et des transports, ainsi qu’une augmentation de 10% des aides au logement. «Le programme économique de la gauche est à bien des égards beaucoup plus problématique que celui de la droite, et même si la gauche ne sera pas en mesure de gouverner seule, les perspectives des finances publiques françaises se détériorent encore davantage avec ces résultats», a déclaré Jan von Gerich, analyste en chef de marché chez Nordea. Les marchés ont chuté après que Macron ait pris le risque en juin d’appeler à des élections législatives après sa défaite face au RN aux élections du Parlement européen – les investisseurs craignant qu’une victoire du RN puisse installer un Premier ministre déterminé à mettre en œuvre un programme de dépenses élevées, la France d’abord, qui exacerberait une importante dette et ébranlerait les relations avec l’Europe. La prime de risque exigée par les investisseurs pour détenir la dette du pays a atteint son plus haut niveau depuis la crise de la zone euro en 2012. Les actions françaises, menées par les banques, ont chuté, les investisseurs s’inquiétant de leurs avoirs en dette publique, de la nouvelle réglementation et de l’incertitude économique dans la deuxième plus grande économie de la zone euro. Pourtant, les actions, les obligations et l’euro se sont tous quelque peu redressés la semaine dernière, les sondages montrant qu’un parlement sans majorité absolue était l’issue la plus probable, les partis de gauche et du centre ayant conclu des accords pour donner aux candidats anti-RN une meilleure chance. La composition exacte du prochain Parlement reste incertaine, tout comme le choix du prochain Premier ministre. Gabriel Attal a annoncé qu’il remettrait lundi sa démission à Macron. «Il sera très difficile d’aller de l’avant et d’adopter une politique et d’apporter des réformes progressistes, car les votes de chaque parti sont divisés et personne n’a la majorité absolue», a déclaré Aneeka Gupta, directrice de la recherche macroéconomique chez WisdomTree. Elle a cependant ajouté : «Je pense que les marchés seront heureux que nous évitions cette situation extrême avec l’extrême droite».

 

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