Économie

Union européenne : Alors que les ministres de l’Agriculture se réunissent, les agriculteurs bloquent Bruxelles

Des agriculteurs manifestaient lundi à Bruxelles, Madrid et en Pologne pour exiger un soutien de la part de l’Union européenne (UE) sur des questions allant des prix bas des supermarchés aux accords de libre-échange, alors que les ministres de l’Agriculture se réunissent pour discuter de la crise dans le secteur. A Bruxelles, des agriculteurs ont mis le feu à des piles de pneus usagés, obligeant les forces de l’ordre à utiliser des canons à eau pour éteindre les flammes. La police anti-émeute a également tiré au canon à eau sur les manifestants qui lançaient des bouteilles et des œufs. Près de 900 tracteurs bloquaient certaines parties de Bruxelles, à proximité de la zone bouclée où les ministres de l’UE étaient réunis. A Madrid, des agriculteurs venus de toute l’Espagne ont fait retentir des sifflets, des cloches de vaches et des tambours pour demander à l’UE de réduire la bureaucratie et de renoncer à certaines modifications de sa politique agricole commune (PAC). « La nouvelle PAC nous gâche la vie », affirme Juan Pedro Laguna, 46 ans, qui cultive des olives, des céréales et des légumes près de Madrid. « Nous voulons produire comme nous l’avons toujours fait, mais ils ne veulent pas que nous produisions. » En Pologne, les manifestants ont bloqué une autoroute à un poste-frontière avec l’Allemagne. Dans toute l’Europe et depuis des semaines, les agriculteurs protestent contre des contraintes administratives, un excès de normes restreignant par exemple leur accès à l’eau, mais aussi la politique des prix bas pratiqués par les supermarchés, la concurrence jugée déloyale en provenance d’autres pays comme l’Ukraine, et les règles environnementales strictes de l’Union. A Paris, le président Emmanuel Macron a inauguré samedi le Salon de l’Agriculture sous les huées et les sifflets d’agriculteurs, et devant un important dispositif policier. Les ministres de l’Agriculture réunis lundi à Bruxelles devraient débattre d’une nouvelle série de propositions de l’UE visant à alléger la pression exercée sur les agriculteurs, notamment en réduisant le nombre d’inspections agricoles et en permettant aux petites exploitations d’être exemptées de certaines normes environnementales. A cette occasion, le ministre allemand de l’Agriculture, Cem Ozdemir, a déclaré que l’UE devait veiller à ce que les agriculteurs puissent gagner de l’argent s’ils optent pour des mesures en faveur de la biodiversité, et a qualifié la politique agricole actuelle de l’UE de « monstre de bureaucratie ». « L’agriculteur moyen passe un quart de son temps à son bureau », a-t-il déclaré. En réponse à des semaines de protestations de la part d’agriculteurs en colère, l’Union européenne a déjà affaibli certaines parties de sa politique environnementale dite « Pacte vert ». « Ça ne veut pas dire qu’on ne veut pas faire les transitions (écologiques) mais il y a besoin de tenir compte de la réalité des choses », a déclaré lundi le ministre français de l’Agriculture, Marc Fesneau, à son arrivée à Bruxelles. Les griefs des agriculteurs en Europe varient et tous ne réclament pas la fin des exigences environnementales communautaires. Pour Morgan Ody, coordinatrice générale de Via Campesina, « c’est une question de revenu ». « Il s’agit du fait que nous sommes pauvres et que nous voulons gagner notre vie de manière décente », a-t-elle déclaré lors de la manifestation à Bruxelles, appelant l’UE à mettre en place des prix plancher « qui couvrent les prix de production pour tous les paysans européens. »

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