À la uneÉconomie

Attaques des Houtis en mer Rouge : Le commerce transitant par le canal de Suez chute de 42%

Le volume commercial transitant par le Canal de Suez, qui souffre des attaques des Houthis en mer Rouge, a diminué de 42% ces deux derniers mois, selon l’ONU.
Les Nations unies redoutent désormais des répercussions pour l’ensemble du commerce mondial et sur le changement climatique, les armateurs étant désormais contraints de contourner l’Afrique. En visite à Moscou, jeudi dernier, le porte-parole des Houthis, Mohammed Abdelsalam, a écrit sur X, que sa délégation avait rencontré dans l’après-midi à Moscou le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov. Les deux parties ont discuté de la «nécessité d’intensifier les efforts internationaux pour exercer une pression sur les Etats-Unis et Israël afin de mettre fin» à la guerre dans la bande de Gaza et «d’acheminer de l’aide humanitaire plutôt que de militariser la mer Rouge». De quoi alarmer encore un peu plus les Nations unies, et ce, alors qu’environ 12% du fret maritime mondial passe normalement par le détroit de Bab el-Mandeb, qui contrôle l’accès au sud de la mer Rouge. «Nous sommes très inquiets concernant les attaques contre le transport maritime en Mer rouge qui exacerbent les perturbations du commerce liées à la géopolitique et au changement climatique», a déclaré jeudi lors d’une conférence de presse Jan Hoffmann, un responsable de l’organe de l’ONU chargé du commerce et du développement (CNUCED). Selon l’agence, en raison des attaques des Houthis qui ont poussé des armateurs à suspendre les transits par la mer Rouge et à contourner l’Afrique, le volume du commerce via le Canal de Suez a baissé de 42% ces deux derniers mois. «Les plus grands porte-conteneurs étant principalement ceux qui n’empruntent plus le Canal de Suez, le déclin en quantité de conteneurs est encore plus important», a noté Jan Hoffmann. La baisse du transit des pétroliers est de 18%, celle des cargos de vrac (grain, charbon…) de 6% et les transports de gaz sont à l’arrêt. De son côté, l’Union européenne annonçait récemment que le trafic maritime en mer Rouge avait chuté de 22% en un mois. Une baisse qui «devrait être plus importante à l’avenir en raison de la décision de nombreux armateurs de prendre une autre route maritime, contournant l’Afrique par le cap de Bonne Espérance». Ainsi, le géant danois du transport maritime Maersk a annoncé mercredi que deux bateaux de sa filiale américaine, Limited (MLL) qui transitaient dans le détroit de Bab el-Mandeb avaient rebroussé chemin en mer Rouge après des explosions à proximité. Il a dans la foulée indiqué que ses navires ne navigueraient plus dans la région. Les constructeurs automobiles Tesla et Volvo ont déjà annoncé des suspensions temporaires de production en Europe, par manque de pièces détachées. Et le transport de gaz naturel liquéfié (GNL) «sera affecté» a affirmé le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdulrahmane Al-Thani. Les perturbations du commerce en Mer Rouge sont d’autant plus inquiétantes que «plus de 80%» du commerce mondial de biens se fait par voie maritime et que «d’autres routes importantes sont déjà sous tension» a souligné l’expert de la CNUCED. Ainsi, le transit via la mer Noire a été largement perturbé par la guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine, entraînant dans les mois qui ont suivi son déclenchement une flambée des prix alimentaires mondiaux. En parallèle, en raison d’une sécheresse, le niveau de l’eau dans le canal de Panama a largement baissé, réduisant le trafic. Ainsi, le mois dernier, le nombre de passages via ce canal a baissé de 36% par rapport à un an plus tôt, et de 62% par rapport à deux ans plus tôt, selon la CNUCED. «Des perturbations prolongées sur des routes commerciales majeures pourraient affecter les chaînes d’approvisionnement mondial, entraînant des délais pour les livraisons de biens, une augmentation des coûts et un risque d’inflation», note l’agence onusienne, s’inquiétant en particulier pour les prix alimentaires mondiaux.

R.E.

 

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page