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France : Les défaillances d’entreprises atteignent des niveaux records en 2023

La France a enregistré un des pires quatrièmes trimestres en 30 ans pour les défaillances d’entreprises, qui vont désormais au-delà de l’effet de rattrapage post-Covid, selon une étude du groupe Altares publiée jeudi dernier.
Le secteur de la construction concentre à lui seul 24% des faillites. Le rattrapage post-Covid ne peut pas tout expliquer. Avec 57.729 procédures ouvertes en 2023, le nombre de défaillances est en augmentation de 35,8% par rapport à l’année précédente, après déjà la hausse historique de 49% en 2022. Pour le seul quatrième trimestre, elles sont en hausse de 37,2%, à 16.820 par rapport au même trimestre de 2022. C’est l’un des pires quatrièmes trimestres en 30 ans. «Précédemment, seule la période de récession de 1992-1993 avait amené la France à des seuils comparables pour un dernier trimestre», remarque l’étude. Certes, beaucoup de ces défaillances sont un «rattrapage» après le soutien massif aux entreprises pendant le Covid, observe Altares, mais «le seul dernier trimestre 2023 illustre encore davantage les difficultés actuelles des acteurs économiques». «Nous amorçons désormais une nouvelle phase, plus structurelle, davantage liée aux insuffisances financières des entreprises qui doivent naviguer dans un environnement économique extraordinairement tendu», estime Thierry Millon, directeur des études d’Altares. L’étude souligne cependant que, dans le contexte de permacrise, ou crise permanente, «dans lequel naviguent les entreprises depuis 4 ans», les seuils de défaillance élevés «ne sont pas une surprise». «Activité en berne, niveau d’inflation encore élevé, taux d’intérêt toujours élevés, consommation qui flanche, forment un dangereux cocktail pour des entreprises aux trésoreries épuisées», affirme l’expert. Il observe que «même les plus grands acteurs ne sont pas épargnés» puisque les défaillances ont touché 171 entreprises d’au moins 100 salariés en 2023, au plus haut depuis 2014 (185 défauts). Les très petites entreprises concentrent l’essentiel (92%) des jugements mais l’accélération des difficultés des PME fait fortement augmenter le nombre des emplois menacés, passant de 143.500 en 2022 à 243.000 en 2023. Le secteur de la construction concentre à lui seul 24% des faillites. Les agences immobilières enregistrent la pire tendance (avec +116,7% pour 910 entreprises). L’agriculture en revanche se distingue avec une hausse des défaillances contenue à 7,1%. Elles baissent même dans l’élevage (-5,1%). De son côté, la Banque de France note aussi que le nombre de défaillances d’entreprises s’est inscrit en forte hausse en 2023. Entre janvier et décembre 2023 ont été enregistrées 55.492 défaillances, contre 41.297 sur les douze mois précédents, soit une augmentation de 34,4%. «Ce niveau reflète un mouvement de rattrapage qui concerne tous les secteurs de l’économie mais de manière hétérogène», a commenté l’institution dans un communiqué. Des défaillances d’entreprises qui menacent également l’emploi. Le groupe bancaire BPCE a chiffré jeudi à 240.000 le nombre d’emplois menacés, soit un tiers de plus qu’en 2019 et un niveau inédit depuis au moins 2016, date à laquelle la BPCE a établi sa méthodologie de calcul, à partir des données des tribunaux de commerce. Pour «sauver certaines entreprises», Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, a annoncé la semaine dernière que les prêts garantis par l’Etat (PGE) pourront être rééchelonnés jusqu’au 31 décembre 2026. Ces prêts, octroyés selon Bercy à hauteur de 107 milliards d’euros aux TPE/PME depuis 2020 pour maintenir à flot la trésorerie des entreprises pendant la crise sanitaire, ont aussi alourdi l’endettement de celles-ci. Si plus de 50 milliards de crédits ont été intégralement remboursés, certaines entreprises ont du mal à rembourser leur PGE et peuvent faire appel à un dispositif de restructuration via la Médiation du crédit. Ce dispositif a permis d’accompagner environ 560 entreprises en 2022 et 2023 en leur permettant d’étaler le PGE de deux à quatre années supplémentaires par rapport à l’échéancier initial, avec maintien de la garantie de l’Etat.

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